Un Jeu de Géants

Traduction officielle du Chapitre 2 de la série « The Story of Us » du blog Wait But Why par Tim Urban.

Ceci est le Chapitre 2 d’une série. Si vous découvrez la série, visitez la page d’accueil de celle-ci pour une table des matières complète.

Note : Ceci est le chapitre 2 de la série. Vous pouvez lire le premier chapitre .

Chapitre 2 : Un Jeu de Géants

Il y a des milliards d’années, certaines créatures unicellulaires ont compris qu’être une cellule seule limitait grandement leurs options.

Alors elles ont trouvé un truc cool. En se joignant à d’autres créatures unicellulaires, elles pourraient former une créature géante qui aurait toutes sortes de nouveaux avantages.

L’inconvénient étant une perte majeure d’individualité

mais les avantages en termes de survie en valaient la peine, et le phénomène d’organisme à cellules multiples subsista.

Une seule cellule est déjà un géantun géant vivant magique composé de trillions d’atomes non vivantset un animal est un géant d’un niveau supérieur constitué de trillions de cellules. Ce concept selon lequel un ensemble de petites choses réunies pour former un géant dont le tout est plus que la somme de ses parties est appelé émergence. Nous pouvons le visualiser comme une tour.

 

Peu de temps après que les cellules aient commencé à se regrouper pour former des animaux, certains animaux ont découvert qu’ils pouvaient monter à un autre niveau d’émergence et former des géants encore plus grands, composés de plusieurs animaux. Si vous regardez autour de vous, vous les verrez partout : des bancs de poissons, des meutes de loups, des colonies de fourmis, des colonies de manchots dandinants. Des groupes comme ceux-ci représentent les étages de la tour d’émergence au-dessus du niveau de l’individu animal.

Les ancêtres des organismes unicellulaires qui se sont unis pour former les premières éponges ont pu survivre seuls. Mais une fois que l’évolution a transformé leurs descendants en parties de quelque chose de plus grand, il n’y avait plus de retour en arrière. Vous pouvez essayer de retirer une cellule d’une éponge, lui dire de devenir un frondeur et de mener sa propre vie, mais cette capacité a été perdue. Livré à lui-même, il mourrait.

Lorsque la plupart d’entre nous considérons ce qui constitue ou pas une forme de vie complète, cela revient généralement à considérer ce qui est indépendant et ce qui ne l’est pas. Nous considérons que l’éponge est une forme de vie, mais nous considérons chacune de ses cellules comme de simples morceaux d’une forme de vie. Dans le même temps, il y a d’autres cellules simples, comme une amibe, que nous considérons comme des formes de vie à part entière. La distinction clé dans les deux cas est l’indépendance.

Il n’y a aucune raison pour que ce concept ne s’applique pas à tous les niveaux. Isolez une fourmi de sa colonie et elle héritera du même destin que la cellule extraite de l’éponge – alors pourquoi pensons-nous que la fourmi est la forme de vie et que la colonie est simplement une communauté de ces formes de vie ?

Probablement parce que chacun de nous est un animal. Nous avons donc tendance à considérer l’animal comme le niveau clé le long de la Tour de l’Émergence, le point où la « forme de vie » principale existe toujours.

Cependant, si nous n’étions pas « animaux-centrés », nous devrions probablement placer une fourmi dans la même catégorie qu’une cellule d’éponge et une colonie de fourmis dans la même catégorie que l’éponge. La colonie de fourmis est en réalité la forme de vie indépendante de l’univers des fourmis – la fourmi individuelle n’est qu’une des unités d’émergence qui se trouvent en dessous de la colonie.

Depuis les débuts de l’évolution humaine, les humains ont formé des géants appelés tribus. Dans ma tête, une ancienne tribu humaine ressemble à ceci :

Comme toujours avec les phénomènes émergents, un géant humain est plus grand que la somme de ses parties.

Dans le chapitre 1, nous avons expliqué comment chaque humain possède deux « esprits »: le Primitive Mind (l’Esprit Primitif) avec sa flamme ardente et le Higher Mind (l’Esprit Supérieur) avec son globe de clarté et de conscience. Ainsi, lorsque les humains se regroupent, ils peuvent générer un double phénomène d’émergence.

Le Primitive Mind consiste précisément à fabriquer des géants. En fait, l’un des principaux talents du Primitive Mind est la capacité de se fondre instinctivement avec d’autres Primitive Minds, en combinant chacune de leurs flammes primitives dans un feu de joie de survie déchaîné, rendant le groupe plus fort et plus puissant que la somme de ses parties.

Mais lorsque les Higher Minds travaillent ensemble, l’effet peut être tout aussi puissant : le groupe dans son ensemble acquiert des capacités surhumaines d’apprentissage, de créativité et de découverte.

Combiner ces deux propriétés émergentes a transformé la tribu humaine en une incroyable machine de survie qui a permis à l’espèce de rester à flot et de s’épanouir dans un monde naturel impitoyable.

Pour la plupart des premiers humains, se transformer en géant avec d’autres humains n’était pas seulement un avantage, mais une nécessité. Un couple avec des enfants en bas âge vivant seuls dans une forêt 50 000 ans av. J.-C. aurait passé une journée infernale à chasser, cueillir, allumer un feu, cuisiner, allaiter et migrer pour répondre aux besoins essentiels de sa progéniture, tout en l’élevant. Et même s’ils avaient réussi à le faire pendant un certain temps, ils auraient alors été une cible assez facile pour les prédateurs et les tribus humaines convoitant leurs ressources. De plus leurs enfants, une fois adultes, n’auraient dans ce cas pas eu beaucoup d’options amoureuses. Pour toutes ces raisons, les anciens humains étaient tributaires des tribus.

En d’autres termes, dans l’ancien paysage, celui pour lequel nous avons été conçus, l’être humain n’était pas vraiment la forme de vie indépendante de la race humaine. La tribu l’était.

Cette idée peut expliquer beaucoup de choses sur les gens et sur le monde qui nous entoure, et c’est quelque chose dont nous allons beaucoup parler dans cette série. Si nous voulions comprendre pourquoi les fourmis ont évolué pour devenir ce qu’elles sont, nous voudrions réfléchir à l’évolution de leur forme de vie indépendante : la colonie. La fourmi individuelle n’a pas été façonnée par l’évolution pour devenir une parfaite créature de survie parfaite. Elle a été façonnée par l’évolution pour simplement être un bon élément d’une parfaite colonie de survie. C’est pourquoi les fourmis sacrifient volontiers leurs vies pour protéger la colonie lors d’une attaque.

Si nous voulons comprendre pourquoi les gens sont comme ils sont, nous devrions essayer de penser de la même façon. Un être humain n’est pas simplement une créature de survie parfaite, c’est aussi le bon élément d’une parfaite tribu de survie. Examiner les traits d’une parfaite tribu de survie peut nous aider à comprendre les caractéristiques de la nature humaine, en éclairant non seulement qui nous sommes, mais aussi pourquoi nous sommes ainsi.

Les fourmis et les araignées

Pour que la lignée génétique humaine perdure, la subsistance était une condition de survie; nous avons donc évolué pour avoir faim. La reproduction était une exigence de survie, nous avons donc évolué pour être excités. Ne pas tomber d’une falaise était une exigence de survie, nous avons donc évolué pour avoir peur des hauteurs. Le bien-être de la tribu était une nécessité de survie, nous avons donc évolué pour devenir tribaux.

Mais que signifie exactement être tribal ?

Pour moi, quelqu’un est tribal lorsqu’il pense et se comporte davantage comme un élément d’un organisme plus grand que comme un organisme indépendant lui-même.

Selon cette définition, les fourmis sont hyper tribales. Elles sont furieusement loyales. Elles font toujours passer le groupe en premier. Les fourmis que j’ai appris à connaître dans ma vie ont une longue liste de défauts, mais « l’égoïsme individuel » n’en fait pas partie.

Pendant ce temps, deux araignées rivales s’affronteront sans pitié, toutes deux se concentrant entièrement sur leurs propres intérêts.

 

Alors, quel est le problème ? Les fourmis sont-elles de meilleurs individus que les araignées ?

Le comportement des fourmis semble assez différent de celui des araignées – jusqu’à ce que nous nous souvenions que les deux espèces ont des relations différentes avec la Tour d’Émergence. Pour les araignées, la « forme de vie indépendante » vit au niveau de chaque animal. Pour les fourmis, l’indépendance se produit quelques étages au-dessus.

Comparer le comportement d’araignées avec celui des fourmis consiste à comparer le comportement d’une forme de vie indépendante avec celui des cellules qui constituent une autre forme de vie. Les cellules d’une forme de vie ont tendance à être très coopératives les unes avec les autres – cela ne vous dit pas beaucoup si la forme de vie elle-même aime ou non coopérer avec d’autres formes de vie.

Si nous examinons le comportement de l’espèce « fourmi » au niveau de la colonie dans la tour d’Émergence, alors elles n’ont plus l’air aussi sympathiques. Les colonies ne sont pas particulièrement enclines à coopérer ou à partager leur nourriture avec d’autres colonies, et comme beaucoup de spirales YouTube de 2h45 du mat me l’ont appris, elles n’hésiteront pas à piller et à assassiner les membres d’une autre colonie si cela aide la colonie. Les colonies de fourmis sont de grandes créatures égoïstes – les individus fourmis ne sont que les cellules de cette créature.

Dans le monde humain, nous pensons que l’égoïsme « Moi contre Toi » et le tribalisme « Nous contre Eux » sont deux concepts différents, mais il s’agit en réalité du même phénomène qui se produit à différents niveaux de la Tour d’Émergence. La suffisance de l’araignée se présente sous la forme de l’égoïsme « Moi contre Toi » car l’araignée est la forme de vie indépendante. La suffisance des fourmis se présente sous la forme d’un tribalisme « Nous contre Eux » car la colonie de fourmis est la forme de vie indépendante. Le tribalisme est simplement ce à quoi l’égoïsme ressemble au niveau du groupe.

Le Primitive Mind humain n’est pas plus beau que le Primitive Mind d’araignée ou de fourmi, mais il est un peu plus compliqué. Contrairement aux araignées et aux fourmis, dont la forme de vie indépendante ne change jamais d’étages d’émergence, les humains sont une sorte de créature hybride qui habite dans plusieurs étages de la tour d’Émergence et non dans un seul étage.

Nous pouvons parfois être comme des araignées et parfois comme des fourmis. Notre forme de vie indépendante fait des allers-retours dans la Tour d’Émergence grâce à son ascenseur.

L’évolution humaine a conditionné notre utilisation de cet ascenseur, en créant ce qui est probablement un équilibre optimal pour une survie génétique maximale.

Moi contre mon frère

De tous les facteurs qui affectent à quel niveau de la Tour d’Émergence nous nous situons, l’un des plus fiables est le conflit.

Quand ma tortue Winston a peur, il fourre sa tête et ses membres dans sa coquille. Quand les humains ont peur, ils forment des géants. Le géant est à l’humain ce que la carapace est à la tortue. Généralement, plus grand est le géant qui menace un groupe de personnes, plus grand sera le géant qu’il formera en réponse.

Le psychologue Jonathan Haidt aime souligner un vieux proverbe bédouin qui résume parfaitement cette idée. Ça dit :

Moi contre mes frères ; mes frères et moi contre mes cousins ; mes cousins, mes frères et moi contre des étrangers.

Quand j’entends ce proverbe, je vois un humain monter dans l’ascenseur de la Tour d’Émergence.

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Au début de la bande dessinée, la psychologie des deux frères était centrée sur l’étage “humain individuel”. En l’absence de conflit plus grave, leur comportement ressemblait beaucoup à celui de deux araignées concurrentes. Mais le comportement égoïste des araignées est un luxe des époques où règnent la sécurité, et à mesure que d’autres groupes sont entrés en scène, les frères eurent de plus gros problèmes à résoudre que leur aversion l’un pour l’autre. Leur psyché a pris l’ascenseur de l’émergence, et dès le milieu de la petite bande dessinée, tout le monde agissait davantage comme des fourmis que comme des araignées. Vers la fin de la bande dessinée, à mesure que les niveaux de menace diminuaient, le tribalisme de haut niveau fondit et les choses devinrent moins semblables à l’univers des fourmis – l’ascenseur était redescendu.

Si vous prêtez attention au monde qui vous entoure et à votre propre psychologie, vous verrez l’ascenseur en action. Avez-vous déjà remarqué que les pays d’une région du monde se méprisent souvent les uns les autres, échangeant l’essentiel de leurs arrogances nationales entre elles – jusqu’à ce qu’il y ait un conflit ou une guerre plus vaste en jeu les poussant à mettre de côté leurs différences ? Comment différentes sectes d’une religion en conflit féroce vont-elles soudainement trouver un terrain d’entente lorsqu’une religion rivale ou une autre entité extérieure insulte ou menace leur religion dans son ensemble ? Qu’en est-il des rivalités dans le monde du football des clubs, inexistantes le temps de la Coupe du Monde ? Ou quand des factions politiques aux idéologies différentes, voire totalement contradictoires, commencent à marcher dans la rue, bras dessus bras dessous, lors d’une élection nationale ou d’un mouvement de masse ? J’ai vu l’ascenseur grimper en flèche dans les jours qui ont suivi le 11 septembre, lorsque des millions de New-Yorkais qui ne se supportaient normalement pas se tenaient la porte les uns aux autres, se souciant du bien-être de l’autre et se serrant même dans les bras. rue. Je me souviens d’avoir pensé que même si une attaque d’extraterrestres représenterait globalement une catastrophe, elle ferait des merveilles en ce qui concerne la solidarité des espèces.

Dans chaque cas, l’arrogance humaine fonctionne à plein régime. Ce qui change, c’est la taille des géants qui se font des crasses les uns aux autres.

L’évolution humaine a probablement été influencée par toute la gamme d’émergence humaine. Nous avons été façonnés en partie par nos interactions de type “araignées” lors des compétitions avec des individus voisins et en partie par nos interactions de type “fourmis” lorsque nos tribus ont été en compétition avec des tribus voisines. En d’autres termes, pour survivre dans l’histoire humaine, il est logique que nos gènes eussent dû être compétitifs, à la fois en tant qu’individus contre des frères, à la fois en tant que membre d’une famille se battant contre d’autres familles et à la fois en tant que membre d’une tribu se mesurant à d’autres tribus.

Le bon élément d’une tribu qui survit à tout

Notre société est encore aujourd’hui, à sa manière, un jeu de géants. Pour comprendre le monde qui nous entoure, on ne peut pas penser uniquement aux personnes en tant qu’individus – nous devons apprendre à connaître l’état d’esprit tribal. Alors, quels sont certains éléments d’un état d’esprit tribal?

Il existe les traits classiques du « Nous > Eux », comme notre respect pour la loyauté – le sentiment que la loyauté est une vertu essentielle et que rien n’est pire que d’être un traître.

Ou la façon dont nous voyons les autres. Notre tendance à idolâtrer les membres du “Nous” et à diaboliser les membres du « Eux”.

Beaucoup des traits les plus tribaux se présentent sous la forme « Nous > Moi », comme si la mentalité tribale était en concurrence directe avec la mentalité “moi en premier”.

Parfois, cela se traduit par un amour du conformisme. Un «désintéressement» radical de soi-même. L’inclination à s’intégrer aux dépens de votre individualité. Une propension à placer la pensée de groupe au-dessus du raisonnement individuel. Une peur de se démarquer ou d’être détesté et un dédain pour ceux qui divergent de la conformité du groupe. Une façon d’être très “fourmi”, en somme.

Parfois, cela se manifeste comme une affinité pour la hiérarchie sociale – une déférence pour l’autorité et une propension à lécher les bottes de ceux qui sont au pouvoir.

Ou respect pour le sacrifice de soi. Le sentiment que la chose la plus noble que quelqu’un puisse faire soit de sacrifier sa vie au service du “Nous” dans son ensemble ou afin de sauver un autre membre du groupe. Et un profond mépris pour quiconque protège sa petite personne au combat ou se comporte de manière égoïste au sein de la tribu.

Mais la qualité tribale que je trouve la plus fascinante est ce que je pourrais appeler une gentillesse sélective.

Pour voir comment fonctionne la gentillesse sélective, visitons trois anciennes tribus: une composée de gens qui ne sont jamais gentils, une composée de gens qui sont sélectivement gentils et une pleine de gens qui sont toujours gentils.

Okay bon, c’était mauvais pour la tribu A. La tribu était pleine de gens qui n’étaient jamais gentils, ce qui s’est avéré être une mauvaise stratégie de survie. Et que dire de la tribu B et de la tribu C? Les deux semblent fonctionner correctement pour le moment. Mais que se passe-t-il quand, un jour, elles tombent l’une sur l’autre ?

Bon, très bien.

Tribe B a fait preuve de bonté au sein de leur géant, de la même manière que les organes de votre corps travaillent ensemble et se soutiennent mutuellement. Ce comportement ne découlait pas d’un principe général mais d’un moyen d’assurer la survie égoïste du géant que tous les membres de la tribu B formaient ensemble. Par contre, la gentillesse de la tribu C était une valeur fondamentale, elle ne se limitait pas à une couche spécifique d’émergence – elle s’étendait également au monde des géants.

Ainsi, alors que la bonté, dans toutes ses manifestations – soins, altruisme, compassion – était un trait de survie important dans un monde où des groupes fonctionnant bien étaient nécessaires à la survie, la bonté universelle n’était probablement pas un trait de survie très efficace. Il était inévitable que d’autres tribus deviennent sélectivement gentille tout en perdant toute cette gentillesse lors des interactions avec d’autres tribus. . Et quand une tribu aimable affronte une tribu impitoyable, c’est généralement la tribu impitoyable qui gagne.

Le parfait équilibre évolutif n’a probablement pas été bonté ou empathie ou compassion ou coopération, il a été d’avoir ces traits connectés à un interrupteur. Être “micro-gentil” et “macro-impitoyable”.

Quand je regarde autour de moi, je vois partout des preuves de cet interrupteur. Remarquez avec quelle facilité les personnes normalement compatissantes larguent cette compassion lorsqu’elles pensent à, ou parlent de membres d’un parti politique qu’elles détestent – le parti politique des «Eux»? Comment ces gens peuvent-ils être à ce point pour le pardon avec ceux qu’ils considèrent comme faisant partie du «Nous», tout en acceptant des persécutions une vie durant pour les ennemis de ce groupe ? Comment sont-ils si doués pour comprendre l’histoire derrière l’histoire quand ils entendent parler de criminels qu’ils considèrent comme faisant partie de groupes de «bons gars», tout en semblant toujours voir la pire des caricatures superficielle chez les malfaiteurs appartenant aux groupes auxquels ils ne s’identifient pas? Cela se produit également à plus petite échelle, par exemple lorsque des personnes qui ont passé leur vie à ne montrer aucune compassion ni compréhension envers une certaine catégorie de personnes développent soudainement un cœur chaleureux à leur encontre quand un membre de leur famille finit par faire partie de ce groupe.

La gentillesse sélective n’appartient pas au Higher Mind. Le Higher Mind présente ces traits tout le temps. Il est élevé universellement, en tant que principe général, et l’applique également à tous. La gentillesse sélective est une astuce du Primitive Mind qui semble être un esprit élevé, si vous n’êtes pas assez attentif. Rappelez-vous, à première vue, les fourmis semblaient aussi être des personnes agréables. C’est pourquoi le test décisif des vraies couleurs de quiconque – le révélateur de quel est l’esprit qui dirige le spectacle dans leur tête – est la façon dont ils traitent les gens en dehors de leur tribu. Autant le Higher Mind que le Primitive Mind a tendance à traiter les membres de sa tribu avec gentillesse, donc cela n’est en rien révélateur – c’est quand ils traitent avec le camps du “Eux” que les deux esprits divergent.

J’ai beaucoup écrit à propos de nos ennuis avec le Primitive Mind dans Wait But Why, explorant comment il se manifeste sous différentes formes – comme la raison de notre procrastination, la raison pour laquelle nous nous soucions tant de ce que les autres pensent de nous, la raison pour laquelle nous sommes si mauvais à penser en dehors des sentiers battus, la raison pour laquelle nous devons absolument lutter pour développer notre conscience de nous-mêmes. Dans chaque cas, le Primitive Mind fait simplement ce pour quoi il est programmé : nous aider à transmettre nos gènes dans un monde tel qu’il était 50 000 ans av JC. Dans chacun de ces cas, nos problèmes viennent du fait que nous ne vivons plus dans le monde pour lequel l’évolution nous a optimisé. Et dans chaque cas, il y’a un espoir de pouvoir améliorer les choses, car à côté du Primitive Mind dans notre tête se trouve quelque chose qui s’apparente à un mélange entre un poste avancé de clarté et de sagesse et une agence indépendante. Le Higher Mind est peut-être donné perdant, mais c’est un combattant.

Quand j’ai commencé à penser au tribalisme moderne alors que j’écrivais cette série, je me suis rendu compte que cela avait beaucoup de choses en commun avec ces autres articles. Parce que les luttes d’une société ne sont pas si différentes de nos luttes personnelles – tout comme deux familles qui se disputent ne sont pas si différentes de deux frères qui se disputent. La société et les personnes qui la composent ont une relation fractale : leurs problèmes internes sont de même nature, mais simplement à des étages d’émergence différents. Au cœur des deux luttes, on retrouve l’incompatibilité entre notre ancienne programmation et la civilisation avancée dans laquelle nous vivons actuellement.

J’ai toujours ressenti de l’espoir en écrivant au sujet de nos luttes au niveau de l’individu, et je ressens pareillement de l’espoir dans cette série lorsque nous examinons ce qu’il se passe quelques étages au-dessus dans la Tour d’Emergence. Mais nous avons face à nous une tâche colossale, car le tribalisme inné n’est que la pointe de ce que nous affrontons aujourd’hui. Quelque part dans l’histoire de l’humanité, l’évolution est tombé sur un nouvel outil qui a mis le tribalisme humain sous stéroïdes. C’est ce que nous allons explorer dans le prochain chapitre.

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Influences et lecture connexes

Une super vidéo sur l’émergence par Kurzgesagt

Jonathan Haidt: The Righteous Mind

Jonathan Haidt and Craig Joseph: The moral mind: How five sets of innate intuitions guide the development of many culture-specific virtues, and perhaps even modules

David Sloan Wilson:1 A Theory of Group Selection

Robert Axelrod: The Evolution of Cooperation

Smithsonian: What does it mean to be human?

A good Wikipedia article on kin selection. Another good one on inclusive fitness

W.D. Hamilton: The genetical evolution of social behaviour

Elainie A. Madsen, et al: Kinship and altruism: A cross-cultural experimental study

Wladimir J. Alonso and Cynthia Schuck-Paim: Sex-ratio conflicts, kin selection, and the evolution of altruism

Martin A. Nowak, Corina E. Tarnita, Edward O. Wilson: The evolution of eusociality (Nature)

Il y a aussi beaucoup de sceptiques de la sélection de groupe. Comme:

Steven Pinker: The False Allure of Group Selection

Richard Dawkins: Replicators and Vehicles

Eliezer Yudkowsky: The Tragedy of Group Selectionism

Jerry A. Coyne: Can Darwinism Improve Binghamton?


  1. Fun Wilson quote: “Selfishness beats altruism within groups. Altruistic groups beat selfish groups.”

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